Roms: de l'émotion à la réalité sociale

Publié le par Frédéric

Parler d'une population, en l'occurrence les Roms, est délicat et renvoie notre conscience à l'histoire ténébreuse de peuples stigmatisés, parfois martyrisés.

 

A cette conscience s'ajoute ce que Raymond Aron appelait "l'inconscient collectif" au nom duquel certains journalistes, politiques ou communicants  se donnent le droit d'exprimer ce que penseraient les Français. Ainsi donc il est de bon ton d'utiliser le terme "sécuritaire" au lieu de "sécurité" au sujet d'une politique qui, si elle doit probablement s'améliorer dans sa forme, respecte le cadre légal français et européen.

 

Il est en effet prévu qu'un ressortissant européen, s'installant dans un autre pays d'Europe, peut être expulsé au bout de 3 mois s'il n'a pas d'activité et, avant ces 3 mois s'il trouble l'ordre public. C'est la première situation qui entraîne les expulsions actuelles de Roms.  

 

Le cadre légal étant respecté, quelle est la situation de la population Roms en France. Il semble que volontairement ou par manque d'études sur le sujet , peu d'information sociologique et statistique soit apportée par les médias. Tout juste sait-on que la population Roms est de 400 000 en France soit la 3ème d'Europe par son nombre après la Roumanie et la Bulgarie. Aucune information sur le taux d'activité, le % de chômeurs, la nationalité, le niveau d'études. 

 

Concernant la non activité justifiant l'expulsion de certains Roms, quelles sont les solutions pouvant être apportées en France dont  l'économie est plus encore tertiarisée que celle de la Roumanie ou de la Bulgarie? Le cap semble vraiment difficile à franchir pour réussir l' insertion professionnelle d'une population au mode de vie et aux compétences n'ayant pas permis l'emploi dans leurs pays d'origine.

 

De plus, alors même que la France se débat encore avec l'intégration d'une partie de sa population, comment pourrait-elle loger, proposer du travail adapté aux savoir-faire des Roms, intégrer à l'école sans heurts des enfants déscolarisés,...

 

L'irresponsabilité des politiques serait justement de ne rien faire et de laisser le problème géré par les générations suivantes, comme pour la question des retraites, du déficit... Ne rien faire et pousser des cris d'orfraie contre les solutions recherchées par le pouvoir en place, même si la forme doit en être la plus humanisée possible, c'est se donner bonne conscience à bon compte.

 

La réalité, c'est que la France ne peut se permettre de laisser naître et se développer les cités ghettos de la prochaine décennie, cette fois peut-être peuplées de Roms si l'on ne fait rien, n'ayant pu ou su s'adapter à l'économie et aux règles de vie en société démocratique. Un chantier, roumain, bulgare et européen est à ouvrir pour accompagner ces citoyens européens que sont les Roms, leur permettre de conserver si possible leur mode de vie, de l'adapter si nécessaire tout en les accompagnant vers l'emploi et l'intégration. 

 

Sur un tel sujet, les erreurs de l'action légale peuvent être corrigées. Par contre, l'inaction et le faux angélisme seront coupables de laisser les générations suivantes subir et régler les problèmes d'aujourd'hui. La responsabilité et l'engagement envers les générations futures pourraient être déterminantes lors des prochaines élections.  

 

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